L'histoire du Château Rioublanc

XIXème siècle

La construction du Château Rioublanc remonte au début du XIXème. Il ne s'agit pas d'un « château » au sens strict mais d'une belle « Girondine » de 250m² en pierres de taille, avec un chai attenant et de vastes bâtiments agricoles. C’était une époque faste pour le vin de Bordeaux ; le commerce sera rapidement soutenu par l’arrivée du chemin de fer (de nombreuses compagnies fleurissaient, le réseau s’étoffa rapidement). Plus tard, le mildiou, l’oïdium et le phylloxéra ramenés des Amériques ont gravement affaibli le vignoble et ses châteaux.

1909

Le Château Rioublanc entre dans la famille Renouil apporté en dot pour le mariage de sa fille par Pierre Meynet.

1956

Yves Renouil, ingénieur et œnologue hérite du Château Rioublanc. Il est l’auteur du « Dictionnaire du vin » publié en 1962 (et réédité en 1988). L’activité du domaine est partagée entre les vignes blanches et l’élevage laitier. Depuis la guerre on ne vinifie plus au château, les raisins sont apportés à la cave coopérative de Landournerie dont Monsieur Renouil est alors le directeur.
En février 1956, le vignoble bordelais est détruit à 80% par le gel. Dans ce contexte difficile, on continue à planter des cépages productifs souvent des blancs : ugni blanc, colombard, merlot blanc (bien moins célèbre que le noir!) voire des hybrides producteur direct comme le fameux noah... bref, en ce temps là, seul la quantité compte !

1963

Edouard Carretero acquiert le Domaine qui compte alors 38ha, mais seulement 5ha de vignes ! Edouard Carretero devient alors double-actif et commence une activité de négoce de vins dans le Nord de la France. Pendant de nombreuses années, tous les revenus commerciaux sont investis dans le développement du vignoble. Le contact direct avec la clientèle conforte très tôt l'idée qu'il faut miser sur la qualité.

1967

Plantation de 2ha de merlot. Si produire du rouge à Rioublanc est aujourd'hui une évidence, à l'époque, tout le monde prédit l'échec de cet "étranger" qui plante du rouge là où les anciens avaient privilégié les raisins blancs. Car St Ciers d'Abzac, comme tout le Nord Gironde, ne produit que du vin blanc. Ces vins blancs ne correspondent plus au marché…

1972

Première récolte vinifiée au Château (2ha en AOC rouge et 3ha de blancs). La sortie de la cave coopérative s'accompagne de l'arrêt de la production laitière. C'est le grand virage du Château Rioublanc qui devient un domaine viticole exclusif. Pendant toutes les années qui vont suivre, Edouard Carretero partage sa vie entre St Ciers d'Abzac pour la production et le Nord de la France pour la vente.
A force de volonté et de courage, le Château Rioublanc renaît de ses cendres après plus de 50 ans de léthargies.

1989

Edouard est rejoint par son fils, Philippe, ingénieur-œnologue, sur un vignoble de maintenant 15ha. Les activités conjuguées du père et du fils permettent un développement rapide du domaine : plantations de vignes, agrandissement des bâtiments, achat d'un groupe de froid pour les vinifications puis d'un groupe d'embouteillage : des plantations aux mises en bouteilles tout se fait en interne. L’activité commerciale est également maitrisée : Edouard Carretero continue la vente à domicile dans le Nord, tandis que Philippe met en place la vente par correspondance depuis le Château. A Rioublanc, tout est fait en interne depuis les plantations jusqu'à la mise en bouteille.

1994

Le vignoble atteint 40ha avec l'acquisition de 12ha sur les communes voisines de Périssac et St Genès de Fronsac. L'encépagement est équilibré avec 36ha de rouge (merlot 60%, cabernet sauvignon 25%, cabernet franc 15%) et 4ha de blancs (sauvignon et sémillon)... Un nouvel agrandissement du chai s'ensuit !

1999

Début de la restructuration du vignoble qui se poursuit sur 13 ans pour passer tout le vignoble à haute densité : 5000 ceps/ha. Acquisition du premier pressoir pneumatique (en remplacement d’un pressoir Vaslin à plateau). Après 10 ans de croissance soutenue, le Château Rioublanc se concentre sur une démarche de haute qualité. C'est également l'arrêt de la vente à domicile dans le Nord : à 65 ans, Edouard entame une "retraite active" sur cette exploitation qu'il a vu grandir... et qui n'en finit pas d'avancer.

2009

Conversion en Agriculture Biologique de la totalité du vignoble (47ha). Avec, encore une fois, une démarche innovante : l'emploi du rotofil (complément idéal pour le respect du terroir). Cette conversion en bio s'accompagne d'un important plan d’investissement : table de tri automatique, pressoir pneumatique à cage fermée pour des macérations pelliculaires (production de blanc et de rosé plus aromatiques), bennes à vendanges vibrantes (sans vis), nouvelle chaudière à bois plus performante... Mais au delà de l'aspect purement technique, la viticulture biologique s'accompagne d'une réflexion profonde sur le fonctionnement des sols et de la vigne. Et comme souvent, on réalise que les limites sont faites pour être respectées... puis dépassées !

2010

Station de traitement des effluents vinicoles. Aujourd'hui, face aux exigences sociétales, le Château Rioublanc est conforté dans l'approche durable de son développement : depuis de longues années nous maîtrisons notre distribution et nous nous appuyons sur une équipe solide (10 permanents soit le double de ce qui s'observe sur les domaines de même taille). Maintenant, le challenge est de concilier haute qualité du vin et respect de l'environnement, c'est notre idée du respect du terroir.

2012-2013

Premières récoltes de raisins biologiques. Après les excellents millésimes 2009, 2010 et 2011, les 2 premières récoltes certifiées "vin biologique" sont excessivement petites : en 2 ans le domaine produit l'équivalent d'une seule récolte. Dans ce contexte difficile, une innovation technique nous remplit d'espoir : la production d'un vin blanc moelleux avec passerillage sur souche, un vin nature qui sublime le terroir.
Cette renaissance du Château Rioublanc aura demandé 50 ans de patience et de persévérance. Nous avons fait quelques erreurs, mais nous les avons corrigées, et elles ont été riches d'enseignement. Nous avons eu quelques bonnes idées, et nous nous y sommes accrochés, surtout quand elles ne semblaient pas tout à fait raisonnables !

Aujourd'hui, le modèle économique, environnemental et social du domaine est "vertueux". Et dans ce Monde impitoyable ce n'est pas une mince affaire. C'est même le combat de chaque année, de chaque millésime, de chaque jour...